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11 septembre 1973 : Chronologie d’une mise à mort

Viernes 11 de septiembre de 2020, por Cronopio

J’ai écrit cette chronologie pour les besoins d’un ouvrage consacré aux 11 septembre au Chili, aux États Unis et ailleurs. Il a été publié en 2016 par les éditions Bibliomonde.

La Une du joiurnal El Mercurio du 12 septembre 1973 (JPG)

Depuis les élections parlementaires du mois de mars, les rumeurs et les menaces d’un coup d’état devenaient de plus en plus présentes et incontournables. Début septembre, certains pensaient que cela aurait lieux autour du 4 septembre, date du 3è anniversaire de l’élection d’Allende. De nombreux responsables de l’Unité Populaire se firent discrets et prirent des précautions « au cas où… ». D’autres pensaient que cela pourrait se passer lors des Fiestas Patrias, la fête nationale que les Chiliens célèbrent chaque 18 et 19 septembre. D’autant plus que le 19 est le jour des…Gloires de l’Armée. La chronologie du 11 septembre montre que les militaires ont réussi à surprendre même le président Allende qui, jusqu’au bout, a cru pouvoir compter sur la « loyauté, le patriotisme et le professionnalisme de nos soldats ». Pinochet y compris.

6h00 : Tout commence à…Valparaiso, le port distant d’une centaine de kilomètres de Santiago. Les navires de la Marine chilienne qui participent à des exercices conjoints avec la marine américaine rentrent précipitamment au port tandis que l’infanterie de marine occupe des lieux stratégiques de la ville, coupe les communications avec la capitale et arrête les responsables locaux de l’Unité Populaire. En tête des opérations, L’Amiral José Toribio Merino qui prend la tête de la Marine après avoir destitué et mis aux arrêts son supérieur, l’amiral Raúl Montero, tenu pour trop proche d’Allende.

6h30 : Un responsable des Carabineros – la police en uniforme qui dépendait alors du Ministère de l’intérieur - réussit à prévenir le président sur la situation qui règne à Valparaiso. Celui-ci, qui se trouve encore à la résidence présidentielle de Tomas Moro, essaye de joindre les chefs des différentes armées qui, l’un après l’autre, ignorent ses appels.

7h15 : Allende part pour La Moneda où, aussitôt arrivé, cherche à s’informer de la situation et organise la défense du Palais.

7h40 : À travers quelques radios amies, Allende lance un premier message à la population. Croyant encore que seule la Marine est engagée dans le coup d’état il déclare : « nous attendons la réponse, que j’espère positive, des soldats de la Patrie qui ont juré de défendre le régime établi qui est l’expression de la volonté populaire ». Il ajoute que « le peuple et les travailleurs doivent être actifs et mobilisées mais dans leurs lieux de travail, en attendant les instructions que pourrait leur transmettre plus tard le compañero presidente ».

8h10 : Les radios de droite diffusent la première proclamation des Forces Armées. Elles soutiennent notamment que « vue la très grave crise, économique, sociale et morale qui détruit le pays (et) l’incapacité du gouvernement pour l’enrayer, monsieur le Président de la République doit remettre immédiatement ses fonctions aux Forces Armées rassemblées autour de l’historique et responsable mission de lutter pour la libération du joug marxiste et la restauration de l’ordre et des institutions »

8h30 : Des militaires prennent possession et détruisent les installations et les antennes de la presque totalité des radios de gauche ou proches du régime.

9h20 : Radio Magallanes, qui a jusque là échappé à la curée, diffuse le dernier message d’Allende : « C’est certainement la dernière occasion que j’aurai de vous parler (…) L’armée de l’air a bombardé les antennes de Radio Portales et de Radio Corporación. Mes propos ne sont pas amers mais marqués par la déception. Ils sont la punition morale pour ceux qui ont trahi le serment qu’ils avaient prêté (…) Je peux dire aux travailleurs que je ne démissionnerai pas pas. En ce moment historique, je paierai de ma vie ma loyauté au peuple (…) J’ai la certitude que la graine que nous avons semée dans la conscience digne de milliers de Chiliens ne sera jamais détruite… »

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Armé, Allende fait face

10h00 : Lors d’un échange avec le chef de l’état major des armées, Patricio Carvajal, installé au Ministère de la Défense (dont le titulaire a été destitué et arrêté), Allende refuse encore encore une fois de démissionner et rejette l’offre d’un avion pour quitter le pays avec sa famille.

10h30 : Les putschistes lancent un ultimatum : si Allende ne quitte pas La Moneda, l’armée de l’Air bombardera le palais présidentiel dès 11 heures.

10h45 : Allende rejette l’ultimatum mais négocie une trêve pour que les femmes –dont ses deux filles – et le fonctionnaires civils désarmés puissent quitter le Palais.

11h00 : Le bombardement est retardé. Les avions qui viennent de la ville de Concepción – 500 kilomètres au Sud de Santiago – ont eu des problèmes au décollage. En attendant, des soldats et des tanks entourent le Palais de La Moneda.

11h52 : Les avions de chasse venus du Sud bombardent La Moneda qui brûle dès le premier des 7 passages effectués par les Hawker Hunter de l’armée de l’Air.

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Augusto Olivares

12h30 : Au milieu des combats qui font rage, le journaliste Augusto Olivares, vieux compagnon de route du président, se donne la mort. Allende accuse le coup.

13h40 : Tandis que La Moneda continue de brûler, les combats font rage. L’armée occupe le rez-de-chaussée. Au premier étage, Allende ordonne à tout le monde de descendre les mains vides, de ne plus risquer leurs vies. Dès que la plupart de ses collaborateurs sont partis il retourne dans un salon. « À ce moment-là, comme dans un éclair, j’ai vu le Président assis dans un sofa, qui se donnait la mort d’une rafale de la mitraillette qu’il tenait entre ses jambes », racontera plus tard Patricio Guijón, médecin de la Présidence de la république.

16h00 : Tandis que les pompiers finissent d’éteindre l’incendie du Palais d’où l’on vient d’évacuer le corps de Salvador Allende dont la mort a été constatée par les médecins légistes, les chefs de l’armée de terre, de l’armée de l’air et des carabiniers ainsi que l’Amiral Carvajal en représentation de celui de la marine, signent l’Acte de Constitution de la Junte Militaire. Le général Augusto Pinochet en devient le Président.

18h00 : Malgré les quelques foyers de résistance dans les poblaciones et le bruit des fusillades qui déchirent le silence de mort installé par le couvre-feu et l’état de siège instauré par la Junte, l’ordre commence à régner à Santiago.


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